"La Sécurité est un droit (Rue Bleue)"

Pour une police de proximité efficace et partout !

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Par Alain Dumait
18 avr. · 4 mn à lire
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On veut des gendarmes partout !

Peu à peu, les collectivités locales inscrivent la sécurité publique en tête de leurs priorités budgétaires.

D’abord, l’édito de la semaine

Quand le ministre de l’Intérieur lança son appel à candidatures, afin de recenser les communes volontaires pour accueillir l’une des 200 brigades promises en juin 2021 par le Président de la République, dans le cadre de sa campagne pour sa réélection en 2022, il fut d’abord surpris par l’engouement des maires des communes rurales. Quelque 600 communes ont en effet répondu positivement, toutes prêtes à financer l’investissement correspondant, terrain et bâtiments, une mise à chaque fois comprise en moyenne entre cinq et dix millions d’euros.

Quand le résultat fut proclamé, le 2 octobre 2023, on mesura la frustration des candidats évincés…

Et quand les communes estiment ne pas pouvoir s’appuyer suffisamment sur la Gendarmerie départementale, ils créent de nouvelles polices municipales : 2.500 polices municipales allant de deux à quelques centaines de membres, soit près 30.000 personnels 

Il est donc loin le temps où, partout en France, les maires répondaient à leurs administrés, en demande de policiers présents sur l’espace public : “c’est la responsabilité de l’Etat, à lui d’y faire face”

L’exemple le plus emblématique est celui de Paris, capitale dotée d’un préfet de police tout-puissant, qui refusait catégoriquement la création d’une police municipale malgré l'instauration d'un nouveau statut en 1977 avec un maire et une équipe d’adjoints. Jusqu’en 2021, quand la majorité de gauche prend une position inverse, et décide de créer une police municipale parisienne, qui intervient 24h/24, 7j/7, au plus près des habitants. Avec un objectif de 4.000 policiers en 2027, et un budget de 250 millions d’euros. (Brest est aujourd’hui la seule ville de France de plus de 100.000 habitants sans police municipale, seulement dotée d’une “brigade de tranquillité”...)

Les polices municipales, dont les compétences ont été élargies par la loi “Sécurité globale” de 2021, constituent, de fait, les meilleures illustrations du concept de “police de proximité”. Mais, outre le fait que ses agents ne sont pas toujours armés, et qu’ils n’ont pas encore la qualification d’OPJ (officier de police judiciaire), ils ne vivent pas sur place pour la plupart, et viennent de l’extérieur prendre leurs services, à l’inverse des gendarmes, logés en caserne, “par nécessité absolue de service”, point essentiel de leur statut.
De plus, les policiers municipaux sont des fonctionnaires civils, et, comme leurs collègues de la Police nationale, souvent syndiqués. Mais, contrairement aux seconds, les premiers ont le droit de grève, seulement tempéré par le pouvoir de réquisition de leurs employeurs. Et on a vu ces dernières semaines que leurs organisations syndicales et associatives ne se privaient pas de brandir cette menace…

Bref, pour un maire d’une commune située en zone Gendarmerie, l’idéal serait sans doute de pouvoir compter à la fois sur une brigade de gendarmerie, sise dans sa commune ou aux alentours, et aussi d’une police municipale, pour la surveillance attentive de l’espace public

Un bon budget de la Gendarmerie pour 2025 serait de l’ordre de 11 milliards de crédits

Par ailleurs, les gendarmes et la Gendarmerie, depuis plusieurs années, se sont fait remarquer tous les jours par leur expertise, dans plusieurs domaines où désormais leur excellence est reconnue : 

  • Maintien de l’ordre, avec ses 13.000 gendarmes mobiles ;

  • Interventions à haut risque, avec ses 1.000 membres du GIGN ;

  • Enquêtes criminelles, avec son service de haute expertise de l’IRCGN, en appui des 27.OOO OPJ de la Gendarmerie ;

  • Savoir-faire pour les sauvetages en montagne, avec ses 21 pelotons de haute montagne ;

  • Expertise en matière de cybersécurité ;

  • Capacité à se mobiliser, nombreux et longtemps, sur des scènes de crime comme dans le Haut-Vernet, pour tenter de retrouver le petit Emile, ou outre-mer, comme en Guyane, à Mayotte et ailleurs…

Il nous faudra donc, dans les années qui viennent, de plus en plus de gendarmes, toujours mieux formés et, accessoirement, mieux payés…

Après les Jeux olympiques de Paris – à l’occasion desquels la mobilisation de l’Arme tout entière, réservistes compris, sera au maximum – viendra, dès le mois de septembre, le temps du débat sur le budget de l’Etat pour 2025. On sait que ce sera un budget de rigueur, compte tenu de la situation d’endettement de nos finances publiques. 
Cependant, pour assurer l’ordre public à l’horizon des prochaines années, il est indispensable que le budget de la Gendarmerie (10,39 milliards d’euros en crédits de paiement en 2024) soit non seulement sanctuarisé, mais aussi augmenté significativement, aussi bien en fonctionnement qu’en investissements.

Alain Dumait


Vous pouvez encore participer à notre sondage du mois d’avril en répondant à la question suivante :

- Diriez-vous que les opérations « place nette », menées par la Gendarmerie et la Police, coordonnées par les préfets, sont de nature à éradiquer les trafics de drogue ?

Vos réponses sur ce lien

Dernière minute :
Le Premier ministre, Gabriel Attal, ce matin à Viry-Chatillon, appelle la Nation à se mobiliser contre la violence des jeunes.

 "Mobilisation générale" et "sursaut d'autorité", Gabriel Attal a promis une réponse rapide de son gouvernement, avant l'été, “à l'addiction à la violence" d'une partie de la jeunesse, lors d'un déplacement dans la ville de Viry-Châtillon (Essonne) pour son centième jour à Matignon.

"C'est cela que nous sommes venus lancer aujourd'hui, depuis Viry-Châtillon: la mobilisation générale de la Nation pour renouer avec ses adolescents, juguler la violence", a déclaré le Premier ministre devant la mairie de cette ville de banlieue parisienne marquée il y a deux semaines par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège. Dans cette affaire, quatre jeunes hommes, trois mineurs et un majeur, ont été mis en examen pour assassinat. Ils ont tous été placés en détention provisoire.

"Il y a besoin d'un sursaut d'autorité. Nous sommes prêts à le donner", a asséné Gabriel Attal, qui était accompagné des ministres Nicole Belloubet (Éducation) et Éric Dupond-Moretti (Justice), de la ministre déléguée Sarah El Haïry (Enfance, Jeunesse, Familles) et de la secrétaire d'État Sabrina Agresti-Roubache (Ville et Citoyenneté).

  "Il y a deux fois plus d'adolescents impliqués pour coups et blessures, quatre fois plus pour trafic de drogue, et sept fois plus dans les vols avec armes que dans la population générale", a-t-il énuméré, en ciblant également "l'entrisme islamiste qui va croissant".

Un peu plus de trois mois après sa nomination, l'ancien ministre de l'Éducation s'inscrit dans le droit fil de sa déclaration de politique générale. Il était alors revenu sur les émeutes urbaines d'une rare violence qui avaient embrasé des villes et des quartiers au début de l'été 2023. À cette occasion, il avait déclaré la phrase suivante, restée comme un symbole de ses cent premiers jours à Matignon: "tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter".

Atténuation des excuses de minorité? 

Parmi les premières mesures annoncées jeudi pour attaquer "le mal à la racine", le Premier ministre a affirmé: "tous les collégiens seront scolarisés tous les jours de la semaine, entre 8H00 et 18H00" car "la journée, la place est à l'école, à travailler et à apprendre". Il a insisté sur la responsabilisation des parents, et affirmé qu'une commission rendrait d'ici à la fin du mois des propositions pour réguler la dépendance des jeunes aux écrans, jugés en partie responsables de la "dérive" de certains jeunes.

Gabriel Attal, qui s'est entretenu avant son discours avec les équipes et les bénéficiaires de la MJC de Viry, a également annoncé que les élèves perturbateurs devraient être "sanctionnés" dans l'obtention de leurs diplômes scolaires. "La condition pour effacer cette mention" serait "la réalisation d'activités d'intérêt général et bien sûr, de se tenir à carreau", a-t-il précisé.

Sur le volet judiciaire, le chef du gouvernement s'est dit prêt à ouvrir le débat sur des "atténuations à l'excuse de minorité" dans les condamnations pénales et sur la possibilité de "mettre en place une comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans, de sorte qu'ils aient à répondre de leurs actes immédiatement comme les majeurs".

Le Premier ministre a également abordé la question du fait religieux à l'école. "Aujourd'hui, soyons francs, de plus en plus souvent, les troubles ou les violences dont nous entendons parler à l'école ont un sous-texte identitaire ou religieux. Je vous le dis, il n'y aura pas de guerre des religions à l'école, car à l'école, la seule règle qui vaut, c'est la laïcité", a-t-il dit.

Interview télévisée

Gabriel Attal répondait ainsi à une demande d'Emmanuel Macron de lancer une concertation contre le "surgissement de l'ultraviolence" des jeunes.

Le Premier ministre a annoncé se donner "huit semaines" pour faire aboutir ce "travail collectif", avec "un point d'étape central dans quatre semaines".

(Avec l’AFP)

L’annonce de la semaine :

Notre ouvrage “Grandes enquêtes criminelles de gendarmes” est désormais disponible sur Amazon !
Et toujours sur la boutique de L’Essor.

200 pages - 12 grandes enquêtes restées célèbres dans l´univers des faits criminels - décembre 2023

L´expertise des gendarmes français en matière d’enquêtes criminelles est désormais bien installée et reconnue dans le monde entier. Elle s’est illustrée encore récemment en Ukraine avec l’envoi d’enquêteurs et d’experts judiciaires pour participer aux enquêtes sur les crimes de guerre commis par l’armée russe. La Gendarmerie dispose d’enquêteurs chevronnés et compétents dans ses unités de recherche, qui sont assistés par le Pôle judiciaire de l’Arme, un pôle d’excellence unique en son genre, voué à la criminalistique et à l’intelligence judiciaire. Derrière chaque enquête, aujourd’hui comme hier, il y a non seulement des techniques de police technique scientifique - de plus en plus pointues -, un savoir-faire qu’il faut accroître et partager, mais aussi des hommes, des gendarmes enquêteurs, qualifiés et tenaces. Les récits présentés ici les mettent tous en valeur.