"La Sécurité est un droit (Rue Bleue)"

Pour une police de proximité efficace et partout !

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Par Alain Dumait
2 mars · 6 mn à lire
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La tranquillité publique ne peut être qu'une coproduction  entre la police et la population !

Ici, nous militons pour une véritable police de proximité, résidentielle, sur le modèle des 3.200 brigades actuelles de Gendarmerie (bientôt 3400). Les gendarmes sont des fonctionnaires militaires. Les policiers, nationaux ou municipaux, sont des fonctionnaires civils. Dans les deux cas, le modèle résidentiel de la Gendarmerie peut s'adapter.

Nous sommes le jeudi 2 mars 2023. Voici le n°43 de votre newsletter La Sécurité est un droit (Rue Bleue). (Prix au numéro : 0,75€)

Préambule 

  • A partir de la semaine prochaine, 9 mars 2023 - et comme déjà annoncé ici à plusieurs reprises -  cette lettre hebdomadaire (48 fois par an) sera payante pour tout le monde : 3€/mois, ou 30€/an. 

  • Les 32.446 destinataires gratuits, non encore abonnés, ne la recevront plus intégralement.

  • Jusqu'au 9 mars, l'abonnement annuel est exceptionnellement à 15€ pour un an. Pour vous abonner, c’est ici, avec le bouton juste en dessous 👇

  • Les abonnés au magazine L'Essor reçoivent désormais, gratuitement, Rue Bleue, la newsletter hebdo de L'Essor de la Gendarmerie.

La Sécurité est un droit, au-delà des personnels de toutes les forces de la Sécurité intérieure, s'adresse à un large public : ceux qui sont concernés par les questions de sécurité, et considèrent que d'autres politiques sont possibles.

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Alain Dumait

Les 17 recommandations d'un colonel de Gendarmerie

adepte de la "community policing" à l'anglo-saxonne

Scène de de contact policiers/population à Des Moines, Iowa, en 2010. La ville a créé en 1992 une "Université de police citoyenne", ouverte à tous. Une illustration du concept de community policing, développé depuis les années 80 aux Etats-Unis.Scène de de contact policiers/population à Des Moines, Iowa, en 2010. La ville a créé en 1992 une "Université de police citoyenne", ouverte à tous. Une illustration du concept de community policing, développé depuis les années 80 aux Etats-Unis.

Le modèle gendarmique, tel qu'il est actuellement, pourrait être sensiblement amélioré. C'est l'objet de l'édito de cette semaine (largement inspiré d'une note du CREOGN, Centre de recherche de l'Ecole des officiers de la Gendarmerie Nationale, et rédigée, sous sa responsabilité propre, par le colonel Dominique Schoenher).

  1. La police de proximité (la vraie), est un concept très ancien, qui a fait ses preuves

On sait que les premières brigades de gendarmerie ont été établies dès 1720, alors sans compétence judiciaire. Mais la maréchaussée royale existait bien avant.

On peut considérer que le concept de police de proximité a été formalisé par Sir Robert Peel, alors ministre britannique de l'Intérieur, quand il a déclaré, en 1829 : "la police et la population ne font qu’un ". En effet, disait-il "la police n’est qu’une composante de la population, qui est rémunérée pour s’acquitter à plein temps des tâches incombant à chaque citoyen, dans l’intérêt général, pour le bien et la pérennité de la communauté"

Relisons bien cette citation : chacun est responsable de sa propre sécurité ; il peut déléguer cette responsabilité intrinsèque à un corps de professionnels détaché de la communauté, au service de celle-ci. On reconnaît-là l'esprit de l'époque, encore tout imprégné, outre-Manche, des principes du siècle des Lumières.

En tout cas, pas de vraie police de proximité sans une immersion totale de celle-ci au sein de la population. 

Le colonel Dominique Schoenher, cité plus haut, propose même que la notation des gendarmes et policiers comporte désormais un coefficient d'empathie avec la population !

Il n'est pas certain que tel ou tel segment de la population soit plus ou moins porté à la délinquance par nature. Mais il est probable que les taux de criminalité et de délinquance sont des fonctions inverses de l'efficacité des systèmes de police mis en place sur le terrain !

  1. En France, la police de proximité est en régression

  • En zone gendarmerie (96% du territoire et 55% de la population), le maillage aurait diminué de 15% depuis 20 ans (dixit le colonel Dominique Schoenher). Et, au niveau de chaque brigade, plusieurs facteurs expliquent - sans le justifier - cette moindre proximité avec la population : la diminution du temps de travail ; l'informatisation, qui fait que les gendarmes - comme tout le monde ! - ont tendance à rester rivés à leur écran, ces merveilleuses machines qui nous incitent à rester assis.

C'est un reproche prononcé par notre ministre de l'Intérieur lui-même à l'adresse de tous les policiers : "Vous n'êtes pas assez sur le terrain, et vous y êtes de moins en moins ! "

  • En zone police, de ce point de vue, c'est pire ! Quand Lionel Jospin et Jean-Pierre Chevènement, disent ré-inventer la police de proximité, en 1998, il s'agit de patrouilles, assurées pendant plusieurs heures, par des pelotons issus des 468 circonscriptions urbaines de police nationale. Mais les syndicats des policiers gardiens de la paix et des policiers adjoints, rechignant à toute présence continue sur le terrain, l'expérience ne va pas plus loin, et elle est abandonnée par le nouveau ministre, Nicolas Sarkozy.

C'est ainsi qu'à Paris, outre 16 commissariats pour les 20 arrondissements (et ses 2,1 millions d'habitants), les unités de quartier ont été réduites comme peau de chagrin, et de toute façon celles-là ne font que du judiciaire : recueil de plaintes.

Ailleurs, la Police Nationale (PN), ayant déserté le terrain quotidien, a laissé la place aux 4523 polices municipales (existant en France au 1er janvier 2021). Étant entendu que, par imitation de leurs collègues de la PN, ces policiers municipaux sont plus souvent "en intervention" qu'en "patrouille de terrain".

  1. Même le modèle gendarmique comporte d'importantes marges de progression

Développer en France, partout, une police de proximité, non seulement au service de la population ("allez vers"), mais aussi avec elle ("faire du nous") est, comme dit l'autre, un vaste programme ! Mais c'est quand même une nécessité politique de premier ordre.

En attendant, voici les 17 recommandations du colonel Dominique Schoenher

  • Pour renforcer le partage d'informations avec la population : 

▶️ Mieux rendre compte de l’activité policière ;

▶️ Encourager la population à s’exprimer sur la qualité de ses interactions avec les forces de l’ordre ;

▶️ Accroître la connaissance de la population sur l’organisation, le fonctionnement et le rôle des forces de sécurité ainsi que sur les enjeux de sécurité publique ;

▶️ Développer une application officielle de recueil et de localisation des problèmes de sécurité perçus par la population. 

  • Pour modifier la culture professionnelle policière :  

▶️ Enseigner, valoriser et encourager les approches partenariales à tous les niveaux hiérarchiques ;

▶️ Réécrire la formule d’assermentation ;

▶️ Garantir par le recrutement et la formation les qualités empathiques des membres des forces de l’ordre ;

▶️ Encourager les pratiques les plus bénéfiques pour les interactions avec la population. Assurer un traitement efficace des comportements inappropriés des membres des forces l’ordre ;

▶️ Renforcer l’évaluation « non judiciaire » des services et des personnels ;

▶️ Assurer un continuum des pratiques partenariales au sein de territoires aux caractéristiques similaires. 

Pour influer sur la perception de la jeunesse (les 18-24 ans affichant un taux de défiance à l'égard de la Police particulièrement élevé dans toutes les études d'opinion) ;

▶️ Développer des modes de contact adaptés (réseaux sociaux, jeux de simulation, sport...) en recourant aux « aimants relationnels » (animaux, véhicules, technologies...) ;

▶️ Multiplier les opportunités d’immersions et de rencontres, physiques et virtuelles, entre jeunes et forces de l’ordre ;

▶️ Construire et financer un « parcours prévention-sécurité » jalonnant la vie scolaire du primaire au collège. 

  • Pour impliquer davantage la population :

▶️ Construire un véritable dispositif de participation citoyenne de gouvernance des politiques publiques de sécurité nationales et locales ;

▶️ Constituer et fidéliser une réserve dédiée au contact et à la prévention de proximité ;

▶️ Expérimenter la constitution d’équipes de contact mixant gendarmes d’active et de réserve avec des jeunes volontaires du Service national universel (SNU)

▶️ Sélectionner, former et employer les jeunes du SNU présentant les meilleures aptitudes relationnelles aux missions de prévention, de médiation et de contact. 

Alain Dumait (avec la note plusieurs fois citée du CREOGN de février 2023)

L'information de la semaine :

🟥 Les saisies de drogues en France en 2022 ont atteint des volumes record : près de 28 tonnes pour la seule cocaïne, dont 55% viendrait des Antilles ou de Guyane… L'Office anti-stupéfiants (Ofast), rattaché  à  la  direction  centrale  de  la  police  judiciaire, installé il y a deux ans seulement, est de plus en plus efficace.
Commentaire : saisies en hausse, mais consommation aussi…

  • La Question du mois de mars de L'Essor :

  • Huit jours après l’accident de Pierre Palmade conduisant sous l’emprise de stupéfiants, qui a fait trois blessés graves et entraîné la mort d'un bébé à naître, Gérald Darmanin dit envisager de retirer le permis de conduire aux automobilistes testés positifs à ces produits. Pour vous, est-ce une bonne idée?
    Vos réponses sur https://fr.surveymonkey.com/r/QTBYHQT 

Trois autres divers faits

🟥 Mort de Rémi Fraisse: la responsabilité sans faute de l'Etat confirmée en appel. Les gendarmes mis hors de cause. La Cour administrative d'appel de Toulouse a confirmé le jugement de première instance qui reconnaissait la responsabilité sans faute de l'Etat, ainsi que l'imprudence du jeune homme. L'arrêt note que les gendarmes ont pris plus de précautions que ce que les textes prévoyaient.
🟥 Finistère : Un homme de 19 ans interpellé après trois jours de cavale et deux accidents avec la gendarmerie.
🟥 Dans le Loiret, un gendarme condamné (avec sursis) après une interpellation violente lors du confinement en avril 2020.

La plus téméraire

🟥 Guyane : en pleine nuit, ils tentent de cambrioler... une gendarmerie. Le groupe de plusieurs personnes s'est introduit dans l'enceinte de la caserne de gendarmerie de Matoury, avec l'intention de commettre un vol, avant d'être surpris par les gendarmes, alertés par le bruit…

Le chiffre de la semaine : 4.100 nouveaux gendarmes

🟥 2.800 candidats admis au concours de recrutement "externe" des sous-officiers de la Gendarmerie de la session de septembre 2022. Pour prise de service en 2023. Ils s'ajoutent aux 1.100 candidats au concours interne de la même session, déclarés admis en décembre 2022. Décision d'ailleurs complétée par le recours à l'intégralité de la liste complémentaire, mi-janvier, sur laquelle figuraient un peu plus de 200 candidats.


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