"La Sécurité est un droit (Rue Bleue)"

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Par Alain Dumait
30 nov. · 4 mn à lire
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Insécurité. Nous payons aujourd'hui les erreurs du passé

En matière de sécurité publique, comme dans d'autres, tôt ou tard, la réalité s'impose. En particulier quand ce principe n'a pas été observé, pendant longtemps, trop longtemps…

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D’abord, l'information de la semaine :
La sécurisation des jeux olympiques devient un sujet de débat politique

Plusieurs parlementaires sont montés au créneau mercredi 29 novembre pour s'inquiéter des mesures de sécurité des Jeux olympiques 2024 de Paris, dévoilées dans la presse par le préfet de police Laurent Nuñez, dénonçant des dispositions "attentatoires aux libertés" ou "typiques d'un état d'urgence". "Mettre en place de telles mesures dans une situation qui a vocation à être heureuse (...) est extrêmement curieux", a réagi le sénateur centriste Philippe Bonnecarrère, interpellant le gouvernement dans l'hémicycle en ouverture de la séance publique de mercredi.
"Nous sommes dirigés par des fous qui confinent les citoyens sur demande. Revenons à la raison !", a tonné le député Debout la France Nicolas Dupont-Aignan.

Dans le quotidien Le Parisien, Laurent Nuñez a détaillé plusieurs mesures de sécurisation de quatre périmètres proches des compétitions lors des JO de l'été 2024 dans la capitale, assortis de degrés divers de restrictions notamment pour la circulation. Il évoque, par exemple, la nécessité de s'enregistrer sur une plateforme numérique en fournissant des justificatifs de déplacement, avec un QR code à présenter lors des contrôles, ou encore la nécessité de déclarer ses invités qui viendraient regarder la cérémonie d'ouverture depuis les fenêtres des appartements parisiens concernés.

La sénatrice centriste Nathalie Goulet a épinglé des annonces prises "sans aucune consultation préalable" sur des dispositions "attentatoires aux libertés". "Le QR code exige à tout le moins une collecte de données et leur stockage. J'espère que le ministre pourra s'en expliquer".

C'est beaucoup plus facile pour les forces de l'ordre de bloquer un périmètre que de contrôler chaque véhicule

Interrogé par des journalistes après une conférence de presse mercredi consacrée aux périmètres de sécurité des JO 2024 (Consulter le Dossier de presse), Laurent Nuñez s'est justifié sur ce dispositif en indiquant qu'il était "permis par la loi par un acte réglementaire pris par le ministre de l'Intérieur". "Ce peut être soit un arrêté soit un décret (...) après avis de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés, NDLR). Évidemment que le dispositif que je vais proposer et qui va être soumis à la consultation va s'inscrire dans ce cadre juridique", a poursuivi le préfet.
Selon M. Nuñez, la plateforme numérique d'enregistrement est un "outil performant", mieux adapté "que de faire ces contrôles aux barrages de police". "Sinon la vérité c'est qu'on ne les fera pas (...), la règle sera l'interdiction. C'est beaucoup plus facile pour les forces de l'ordre de bloquer un périmètre que de contrôler chaque véhicule".

Le sénateur Loïc Hervé a indiqué avoir saisi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la Cnil, garante des données personnelles des Français. 
"C'est juste sidérant. C'est encore pire que ce qu'on pouvait craindre. Je n'ai pas connaissance de telles restrictions et contrôles de déplacement lors des précédentes éditions de JO", a pour sa part réagi sur le site X (ex-Twitter) le député Insoumis Eric Coquerel. "Les JO ont un bon goût liberticide", a ajouté son collègue Damien Maudet.

(Le Sénat doit auditionner M. Nuñez jeudi en fin d'après-midi, dans le cadre d'une mission de suivi de l'application de la loi sur la sécurité des JO, adoptée mi-avril au Parlement. "On voudrait avoir de la visibilité sur l'ensemble des mesures", a réagi auprès de l'AFP la co-rapporteure de la mission, Agnès Canayer, qui siège au groupe Les Républicains). (Avec l'AFP)

Ensuite, l’édito de la semaine
Insécurité. Nous payons aujourd'hui les erreurs du passé

Les causes profondes des phénomènes sociaux sont presque toujours complexes.
Laissons aujourd'hui de côté - pour une fois… - les commentaires polémiques qui se sont multipliées depuis le meurtre du jeune Thomas, à Crépol, dans lasoirée du vendredi 17 novembre.
Il n'est pas contesté que les assaillants venaient essentiellement du quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, à 20 kilomètres de là.
La situation et la sociologie de ce quartier de 4.500 habitants est bien documenté : c'est une zone de non-droit, livré aux trafics de drogues, au sein duquel une petite minorité de jeunes en situation de décrochage scolaire fait régner la terreur.
La maire de cette commune de 34.000 habitants réclame, en vain, que ce petit noyau perturbateur soit "exfiltré" par les services sociaux de l'Etat. Qui manifestement ne sait comment faire…
Pour comprendre et essayer de trouver une solution de retour à la tranquillité publique dans la durée, il faut commencer par le début du film.
On est à la fin des années cinquante. La construction de logements bat son plein. Les villes nouvelles surgissent. l'habitat collectif, avec ses barres et ses tours fait l'unanimité parmi les décideurs publics. Il faut d'urgence reloger un million de pieds-noirs rapatriés d'Algérie. Quelques années plus tard, les primo-occupants sont progressivement remplacés par des bénéficiaires de logements sociaux. L'insécurité s'installe. Les véhicules disparaissent des parkings en sous-sol, pour qu'ils ne soient pas "désossés", les espaces verts, d'abord pimpants, deviennent des dépotoirs. Les gardiens et les services de sécurité des bailleurs sont débordés. Dès les années 90, on parle d'une zone de non-droit….

Première remarque : à peu près rien n'avait été prévu, à l'origine, pour la sécurité publique ! Le quartier comptait, avant réhabilitation, jusqu'à 8.000 habitants. Et pas un seul commissariat de police ! A l'époque, pas de police municipale… Aujourd'hui, on croit rêver… C'eût été tellement plus simple d'y penser plus tôt, et ainsi de prévenir….
On voit donc que les choix urbanistiques, ainsi que la politique dite du "logement social" - qui, là comme dans beaucoup d'autres endroits, a abouti à la constitution de ghettos - doivent être incriminés, en même temps que la faillite de l'assimilation de familles venues d'ailleurs.
Sans cet examen, puis une prise de conscience, pas de solution possible.
Et on comprend aussi, nous semble-t-il, que la présence éphémère de compagnies de CRS, ou d'escadrons de gendarmes mobiles aux pieds des immeubles concernés, ne peuvent aboutir à des solutions durables.
La maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, dans son
entretien de mardi dernier 28 novembre sur BFM-TV, a dit excellemment ce qu'il fallait faire : mettre les responsables publics autour d'une table, exfiltrer les meneurs, et mobiliser les moyens qu'il faut pour garantir la tranquillité publique, à Romans comme ailleurs.
Toujours, les erreurs originelles se payent. Cher. Et c'est difficile. C'est pour cela qu'il faut le faire !
A Romans, comme ailleurs, les pistes cyclables et les nouvelles médiathèques peuvent bien attendre… Alain Dumait

Quelque informations importantes

=>  Simulacre de noyade dans une école de police, le formateur suspendu.
Un formateur de l'école de police d'Oissel, près de Rouen, a été suspendu après la diffusion d'une vidéo montrant un
simulacre de noyade imposé aux élèves, et une enquête administrative de l'IGPN, la "police des polices", a été lancée, a annoncé la police nationale jeudi.

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C’est la photo de la semaine !

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A la semaine prochaine !