Si vis pacem para bellum

place beauvau

En annonçant la réouverture du Beauvau de la Sécurité Civile François-Noël Buffet, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur envoie un message qui ne doit pas être ignoré ou minimisé. Derrière l’apparence d’une aimable réunion entre professionnels discutant de la sécurité civile en France il faut y voir une réponse aux risques de débordements, sur le territoire national, de conflits qui, pour le moment, lui sont extérieurs.

Si la France dispose de moyens humains et matériels conséquents pour protéger ses citoyens ceux-ci sont adaptés à des situations ponctuelles, une catastrophe naturelle, un accident industriel, un attentat mais assurément pas pour répondre à un conflit armé de haute intensité alors même que nos forces armées s’y préparent depuis quelques années.

Là où l’Angleterre confrontée au Blitz il y a 80 ans ou la Suisse par neutralité disposent de nombreux abris, on pourrait dire de même de nombreux pays de l’ancien bloc soviétique, la France est nettement plus démunie. Quelques parkings et stations de métro pourraient faire office de…mais pour l’essentiel on se saurait quoi faire.

C’est dans ce contexte que le concept de résilience prend tout son sens. Elle fait référence à la capacité d’un pays à anticiper, à réagir efficacement aux crises et à se remettre rapidement de celles-ci. Elle repose sur la coordination des autorités publiques, des forces de sécurité, des services de santé, des collectivités locales et des citoyens. Une société résiliente est capable de maintenir ses fonctions essentielles même en période de perturbation. Cela implique une gestion proactive des risques, une sensibilisation continue des populations et des politiques de renforcement des infrastructures critiques pour qu’elles résistent aux chocs.

Les deux concepts sont étroitement liés. En effet, la sécurité civile contribue directement à la résilience nationale en permettant une réponse rapide et coordonnée en cas de crise, tout en facilitant une reprise des activités dès que possible. Pour renforcer cette résilience, il est crucial de développer des systèmes d'alerte efficaces, des exercices de simulation de crise, et de favoriser la solidarité et l’entraide au sein de la population.

On peut raisonnablement espérer que ce Beauvau de la sécurité publique sera mené au pas de charge. Il doit apporter des réponses claires et efficaces et donc pas uniquement politiciennes. Il serait paradoxal que, là ou les militaires expliquent que la France est d’ores et déjà entrée dans un environnement conflictuel se caractérisant de très nombreuses cyberattaques, des menées inamicales dans les territoires ultramarins, les politiques, au nom d’un souci de rassurer la population, se contentent de grands principes et de petites mesures. Les menaces transversales dont la France peut être l’objet appellent des mesures radicales pour qu’elles restent à l’état de déclaration.

Nicolas LEREGLE

 

Menaces transversales : vers un nouveau Beauvau de la sécurité civile

Une Sécurité civile efficace mais sous tension ? La sécurité civile peut se reposer sur des équipes efficaces, compétentes et dévouées ... cependant, seront-elles capables de faire face aux défis à venir ? Les conflits de haute intensité, les catastrophes climatiques, la prise en charge de populations nombreuses et démunies sont autant de défis qu’il faudra relever dans les années à venir et auxquels il faut dès à présent se préparer.

Un modèle sous tension

Les forces sont nombreuses : « 43 500 pompiers professionnels, 200 000 sapeurs-pompiers volontaires, 13 000 sapeurs-pompiers militaires », appuyées par « 11 000 personnels administratifs et techniques ». Le modèle français est singulier et décrit comme « solide, agile et résilient », par les autorités. Il permet même un déploiement sur de nombreux théâtres, en France bien sûr, en outre-mer mais également à l’étranger, pour venir en aide aux populations sinistrées.

Pourtant, le modèle est sous tension et confronté à la montée de menaces grandissantes : terrorisme, changement climatique, montée des eaux, tempête, épidémie, cyclone, mouvements de populations. Suite au passage du cyclone Chido à Mayotte le 14 décembre 2024, la sécurité civile a été sur le front via le déploiement de plusieurs centaines de personnels ainsi que la mise en place d’un hôpital de campagne (ESCRIM). La Sécurité civile pourra-t-elle encore remplir toutes ces missions et se déployer aussi facilement dans les années à venir ?

Deuxième tour

Après la première version qui s’est tenue en 2024, sous le patronage du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ce nouveau Beauvau de la Sécurité civile vise à adapter le modèle, à l’améliorer, le moderniser pour qu’il soit en mesure de faire face aux menaces à venir. L’objectif est « [...] qu’il puisse continuer à répondre efficacement aux besoins de la population, dans un monde en constante évolution », a ajouté François-Noël Buffet.

Les différents intervenants de la sécurité civile se réuniront en plusieurs lieux et à différentes échéances. Les échanges débuteront à Bordeaux le 3 février afin d’aborder la question du « [...] pilotage et de l’animation du continuum de sécurité civile ». La journée du 7 février sera consacrée, à Aix-en-Provence, à l’attractivité des métiers de la sécurité civile avant d’entériner le processus le 11 février à Mâcon en évoquant la gouvernance et le financement du modèle.

Une loi en 2025

Ce deuxième Beauvau de la sécurité civile devrait aboutir à une loi avant l’été 2025. « Ce texte devra contenir des dispositions fortes sur plusieurs enjeux cruciaux : la révision des missions de la sécurité civile, le partage de la charge financière, la protection des personnels et l’adaptation des moyens », a souligné le ministre François-Noël Buffet. Pérenniser le modèle tout en l’adaptant aux nouveaux défis, c’est l’équilibre que cherche à maintenir le ministre dans un contexte géopolitique, économique et environnemental tendu.

Le retour de la guerre à l’Est pourrait aussi motiver le ministère de l’Intérieur à préparer la sécurité civile à faire face à des menaces majeures, plus grandes que les événements surmontés jusqu’ici. « La sécurité civile n’est pas uniquement une question de professionnels, mais un bien commun. C’est à nous tous de participer à sa modernisation et de la soutenir dans ses missions cruciales », ajoute le ministre en conclusion.

Simon DOUAGLIN

"La Sécurité est un droit (Rue Bleue)"

"La Sécurité est un droit (Rue Bleue)"

Par nicolas leregle

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